« On trouve parfois sa voie plus vite en commençant par se tromper, il est des échecs qui font avancer plus rapidement que les succès ».

Et si on vous disait que pour réussir, il faut d’abord avoir échoué, voire même avoir échoué à de nombreuses reprises et idéalement, le plus tôt possible.

Charles Pépin, philosophe français, revisite les parcours d’Edison, Darwin, Barbara, Gainsbourg, Federer, Nadal, Agassi, Steve Jobs, ou  encore J.K. Rowling.  Selon lui, c’est en se confrontant aux épreuves de la vie qu’ils ont évolué, gagnant en créativité, humilité, sagesse, force ou même empathie.

Plus l’échec surviendra jeune, plus il sera à même de mener à la réussite.  A condition, évidemment, d’avoir questionné l’échec, de l’avoir analysé et compris.  En d’autres termes, à condition d’avoir fait preuve de résilience.

Il s’agit donc de marquer un temps d’arrêt et de s’interroger: « que vais-je faire de ce que j’ai appris ? ».   Or, bien souvent, nous tombons dans des stratégies d’évitement ou de déni: courir d’une activité à l’autre, accuser un autre de ses échecs, recourir à une addiction, à une pratique impulsive,… 

Quel en est le prix ? un rendez-vous manqué avec soi-même.   Car c’est bien de cela qu’il s’agit: une occasion d’apprendre à se connaitre, à apprivoiser son mode de fonctionnement, à déceler ses dysfonctionnements.  

Au-delà de la réussite classique (financière et sociale), c’est la réussite identitaire que Charles Pépin vise en valorisant l’échec. « Les grands rois le deviennent au combat, lorsqu’ils se surprennent eux-mêmes et se révèlent aux autres. L’échec (…) nous permet de (…) nous rapprocher de notre quête intime, de notre désir profond: le roi est blessé, vive le roi ! ».

Encore faut-il avoir identifié notre quête, ce pour quoi nous avons le sentiment d’être né. Pour certains, cela relève de l’évidence; pour d’autres, ce sera le chemin d’une vie. Et les derniers ne se poseront pas la question… Et c’est bien ici qu’intervient l’intérêt de l’échec. C’est seulement en accueillant le sentiment d’échec qu’il est possible de se rapprocher de notre vérité, de notre désir, de ce qui est important pour nous.

« Identifier notre quête, ce sur quoi nous ne devons pas céder, nous rend à la fois moins libres et plus libres. Moins libres: tout n’est plus possible. Plus libres: nous serons meilleurs en restant « sur notre axe », fidèles à notre désir ».

Cette fidélité à nous-même que prône Charles Pépin est une boussole à consulter face aux choix cornéliens que la vie prend souvent un malin plaisir à nous poser.

L’enjeu : « devenir ce que l’on est » et la condition: oser. Car, « à l’origine de toutes les belles réussites, on trouve une prise de risque, et donc une acceptation de la possibilité de l’échec. Oser, c’est d’abord oser l’échec ».

Et vous ?

  • Quel rapport entretenez-vous avec l’échec ?
  • Le craignez-vous ? Si oui, où cela vous mène-t-il ou, plutôt dans quelle prison cette crainte vous enferme-t-elle ?
  • Le fuyez-vous ? Si oui, dans quel(s) recoin(s) cette fuite vous accule-t-elle ?
  • Quelle attitude adoptez-vous lorsque vous réalisez que vous vous êtes trompé ?
    • vous persévérez dans la même direction, avec obstination ?
    • vous acceptez de changer de cap, vous adaptant avec souplesse ?
  • Avez-vous déjà pris le temps de vous arrêter sur vos échecs ?
  • Qu’en avez-vous retiré ?
  • Dans quelle(s) direction(s) vous ont-ils mené ?
  • En quoi ces échecs sont-ils des réussites ?
  • Quel sens ont-ils donné à votre vie ?
  • Avez-vous déjà identifié la “quête de votre vie”, ce sur quoi vous ne devez pas céder ?
  • Avez-vous le sentiment d’avoir gagné en liberté grâce à cette “quête” qui, tel un gouvernail, vous aide à garder le cap ?

Et cette dernière question, peut-être la plus puissante entre toutes:

  • En quoi (certains de) vos succès sont-ils (aussi) des échecs ?

Enfin, je terminerai par cette citation de Richard Branson : « Les audacieux ne vivent pas longtemps, mais les autres ne vivent pas du tout ».

Pour ma part, j’ai choisi mon camp. Et vous ?